mardi 24 janvier 2012

La Croatie et mes coups de coeur

La Croatie est un pays qui m'est personnellement cher et qui est magnifique ! Je chéris et connais plus particulièrement la Dalmatie qui se situe en gros le long de la côte adriatique et qui englobe les îles croates. 

Voici cinq de mes coups de coeur, les histoires et les souvenirs qu'ils m'ont laissés...

Les Kastela et l'histoire de Roméo et Juliette


L'appellation Kastela regroupe en fait sept kastel, c'est le nom de ces villages qui s'étendent sur la côte adriatique, de Trogir à Split. Leur particularité est qu'ils s'organisent autour d'un petit fort donnant sur la mer et qui leur a donné leur nom (Kastel // château).

Les Croates se sont installés dans les Kastela au VIIe siècle. Ils ont d'abord construit leurs villages le long des pentes de la montagne Kozjak. Pendant la guerre avec les Turcs, ils ont déménagé depuis les villages de montagne vers les fortifications érigées par le roi le long de la côte. Ainsi, il y a 500 ans, il y a eu un développement significatif de quelques vingt châteaux, aujourd'hui il n'en reste que sept : Kastel Stafilic, Kastel Novi, Kastel Stari, Kastel Luksic, Kastel Kambelovac, Kastel Gomilica, Kastel Sucurac.

Un de ces villages m'a beaucoup plu : Kastel Luksic. Il est connu car il abrita l'histoire d'amour tragique de Miljenko et Dobrila, que l'on compare à Roméo et Juliette. Pendant la seconde moitié du XVIIe siècle, deux familles nobles vivaient dans Kastel Luksic - la famille Vitturi avec leur fille Dobrila et la famille Rušinić avec leur fils Miljenko. Miljenko et Dobrila sont tombés amoureux, mais ils durent garder leur relation secrète à cause d'une querelle de longue date entre leurs familles. Quand leurs parents découvrirent ​​leur relation, ils décidèrent de les séparer. Miljenko fut envoyé à Venise, alors que le père de Dobrila la maria à un noble âgé de Trogir. Toutefois, Miljenko découvrant ceci revint de Venise, juste à temps pour arrêter le mariage. Il est alors banni dans un monastère sur le petit îlot de Visovac, où il rencontre une femme de paysan à qui il demande de porter un message à sa bien-aimée lui disant de s'échapper du couvent. Après avoir reçu la nouvelle de l'évasion du Dobrila, les deux familles se réconcilient et envoient un messager à Visovac pour ramener les amants à Kastel Luksic afin qu'ils se marient. Les amoureux acceptent la proposition. Un soir d'été 1690, après que le mariage et la fête aient eu lieu, père du Dobrila aveuglé par la haine, tue Miljenko sur le pont-levis en face de son château. Plusieurs mois plus tard, Dobrila se laissa mourir de tristesse. Son seul souhait, qui était d'être enterré à côté de Miljenko, fut exaucé : leur tombe se trouve à l'église de Saint-Jean à Kastel Luksic et elle est célèbre pour son inscription " Paix aux amoureux ".


Trogir, petit îlot médiéval


La ville historique de Trogir est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1997. Elle est bâtie sur un petite île (environ 1 km²) située entre le continent et l'île de Čiovo. Entre le XVe et le XVIIIe siècle, l'île était un port de commerce important pour le bois destiné à la construction navale et aux digues de Venise. Ville forteresse, elle était aussi - les églises en témoignent - un îlot catholique face à l'orthodoxie et à l'islam. Trogir, jamais prise ni vandalisée, conserve un patrimoine représentatif de 2 500 ans d'architecture méditerranéenne, son riche patrimoine culturel est issu de l'influence des anciens Grecs, Romains et Vénitiens.

J'aime particulièrement son petit marché aux fruits et aux fleurs, j'aime y acheter des figues fraîches aux babas (grand-mères) avec qui je dialogue avec mes quelques mots de croate et mes dix doigts et surtout de grands sourires. 

J'aime cette baba à qui j'achète à chaque voyage la rakija à la figue ou au romarin, sortie de sous les fagots, servie dans des bouteilles d'huile, directement dans son salon, et qui me fait goûter tous ses alcools avec son sourire édenté en plein soleil d'après-midi !

J'aime ces plages de petits cailloux blancs si tranquilles que l'on va chercher en s'éloignant du centre touristique, on fait se retourner les locaux qui semblent s'interroger à notre passage " pourquoi vont-ils si loin ? " ( 300 mètres ! ).

J'aime cette ambiance de nuit si festive autour des remparts, les jeunes fraîchement débarqués des bateaux sirotent leurs cocktails et mangent des glaces sur de la musique commerciale assourdissante. Mais enfoncez-vous dans les ruelles de la ville et découvrez une autre ambiance médiévale, calme et feutrée, cotoyez les autochtones, dinez dans les petits restaurants de fruits de mer cachés au détour d'une rue, vous croiserez sans doute un chat silencieux et furtif, qui n’appartient à personne et qui vous coupe la route avec un air de dire "c'est pas possible on peut être tranquille nulle part".


Hvar, mon joyau sauvage

C'est mon petit joyau. Aux VIe et VIIIe siècles, des Slaves s'y installèrent. Les siècles suivants furent marqués par des querelles incessantes entre Byzance, Venise et les souverains hungaro-croates au sujet du contrôle de Hvar. En 1331, c'est Venise, la plus puissante, qui annexa l'île dalmate. Les habitants de Hvar se soulevèrent à plusieurs reprises mais sans succès. La suite suivit les aléas de l'histoire, elle fut tour à tour française, autrichienne, yougoslave et enfin croate.

Ile de la jetset par excellence, elle a su conserver son ambiance dalmate. Ses babas vendent toujours de la lavande, des broderies et de l'huile d'olive, ses restaurants traditionnels font des fritures à tomber par terre et vous servent le vin blanc dalmate qui, bien que de couleur dorée reste sec. Il faut aller les dénicher dans les hauteurs de la ville, tourner mille fois au coin des rues avant de les trouver alors que vous pensiez être déjà passé par là! A Hvar la culture locale côtoie ainsi les bijouteries de luxe, les hôtels 5 étoiles et les boites de nuit de la jetset sans que cela soit oppressant.

J'aime aller en journée squatter les piscines et autres transat des hotels de luxe, jouer à la riche pour 7 euros l'espace d'un après-midi. De même, j'aime aller en boite de nuit avec piscine, toute illuminée aux flambeaux, côtoyer les jeunes australiens débarqués des bateaux croisières le temps d'une nuit... goûter leurs excès et leur folie estivale. Mais j'aime aussi me baigner dans une petite marina éloignée du port principal où les gamins sautent dans l'eau pendant des heures, inlassablement. Un calme indicible m'envahit alors et je ne voudrais, pour rien au monde, devoir en repartir un jour.

J'ai pour habitude de louer un petit bateau à moteur et partir à la conquête des îles qui s'étendent face au port. La dernière fois nous nous sommes amarrés tant bien que mal à un petit ponton isolé et avons découvert, au détour d'un tournant, derrière un cactus, un petit panneau délabré qui indique un restaurant à couper le souffle. Une pure beauté sauvage, sans mur, ouvert sur les champs, bourré de charme, tout pour se sentir privilégiés parmi les privilégiés avec notre limonade faite maison, à la fraiche, sous la pergola !

Il faut absolument louer un petit scooter faire le tour de l'île en une journée et tenter d'aller de petits ports en petits ports sur des routes un peu brinquebalantes. J'aime cueillir aux stops des prunes aux arbres qui bordent la route et les savourer en admirant cette vue indescriptible sur l'océan sur mon deux roues.

Hvar c'est mon joyau qui me fait sentir hors du temps, hors de mon moi de tous les jours parisiens, je flotte sur un nuage de bonheur où je me sens ultimement privilégiée, et chaque fois c'est pareil, cette impression ne passe pas !


Korčula, presqu'île de charme


La ville de Korčula (3 232 hab.) est le centre historique, culturel et politique ainsi que le port de l'île qui porte le même nom et que je n'ai, elle, pas visitée. La ville se situe à l'extrémité nord-est de l'île, surmontant le rivage dentelé qui la côtoie. Elle comprend la vieille ville située sur une petite presqu'île de forme ovale, le quartier baroque à proximité immédiate des murs d'enceinte, ainsi que les nouveaux quartiers s'étendant sur les abords est et ouest du centre historique.


Je ne l'ai découverte qu'à mon dernier voyage et je suis restée sous le charme de ses petits restaurants qui font tout le tour des murailles, on  y mange face à la mer et aux montagnes, sous les pins parasols, et on regarde passer les pêcheurs au rythme des courants, on prend le temps de vivre. L'eau est si translucide et si proche qu'on peut même apercevoir distinctement les oursins accrochés à leurs rochers. 

Il faut emprunter une de ces petites rues escarpées qui montent toutes vers le centre de l'île, là se trouve l'église et sa place pavée si jolie. Un souvenir m'a particulièrement marqué à cet endroit. J'étais au restaurant, en haut d'un beau bâtiment de pierre, sous la vigne sauvage à savourer un repas à tomber par terre (une fois de plus) quand des voix s'élevèrent, graves et saisissantes. Elles nous accompagnèrent tout le repas et il nous tardait presque de quitter ce fantastique restaurant pour découvrir ce qu'étaient ces voix masculines si envoutantes. Une fois descendus de notre perchoir, nous vimes juste les cafés de la place de l'église et ses quelques habitués et touristes... déçus nous allions repartir quand à une des tables des hommes se mirent à chanter ! Tout en sirotant leur café, ils chantaient. Le silence se fit instantanément. Nous étions subjugués, pourtant c'était leur dernière chanson, quelle déception face à ce maigre échantillon! Quand soudain un autre coeur que nous n'avions pas aperçu dans les contreforts de l'église se mit à chanter (il avait attendu que le premier choeur finisse son tour de chant). Cinq ou six hommes, habillés comme vous et moi, debouts avec un verre et une cigarette, entre amis... et d'un coup ils unirent leurs voix, ces voix graves, extraordinaires, qui vous glacent le sang, vous hérissent les poils et vous entrainent dans une ambiance liturgique qui prend toute sa dimension dans des lieux si beaux et chargés d'histoire. 

C'est ainsi que j'ai découvert, par hasard, une nuit, au détour d'une église, ce que sont les klape (klapa au pluriel). Apparue au milieu du XIXe siècle, la klapa est une tradition vocale originaire de Dalmatie. Ces chants a capella sont généralement interprétés le soir, lors de fêtes ou de réunions familiales mais les groupes répètent dans la rue pour le plus grand bonheur des touristes. Il existe actuellement près de 250 klape en Croatie. 
Voici un coeur au sein de la ville de Korcula, probablement pas loin de la petite place dont je parle, on entend même les cloches sonner à un moment ! Ceux-ci ont des micros et sont en costume pour les touristes, moins " typiques " que ceux que j'ai vu malheureusement.


Les sept chutes fantastiques de la Krka


Les chutes de la Krka (prononcer "keurka") sont cachées au fond d'un canyon, j'y suis allée deux fois fois, une fois à pied et en bus, une fois en voiture. Trois entrées (payantes) permettent d’accéder au parc et aux différentes chutes : Skradin, Roski et Lozovac, la plus importante, qui a un sentier pédestre circulaire autour de Skradinski buk, on circule sur des passerelles le long des formations de cascades, au milieu de la flore et la faune.


Ce parc est très différent des lacs de Plitvice, tout aussi renommés et magnifiques mais on ne peut s'y baigner et ça pour moi c'est le MUST ! Le parc national de la Krka est à quelques kilomètres de Šibenik, il s'étend sur près de 109 km². La rivière Krka, elle, est longue de 72 km, elle est issue d'un phénomène naturel et karstique et se jette dans la mer adriatique.



Des sept chutes, la dernière et la plus grande, est celle où l'on peut se baigner.  Après avoir marché une petite heure dans une forêt luxuriante, sur des passerelles de bois, avoir entraperçu quelques chutes, entendu le vacarme d'autres qui restent cachées par la végétation, observé les libellules et les poissons qui passent sous nos pieds, nous débouchons enfin sur la dernière chute (photo ci-dessus). Quel bonheur que de plonger dans l'eau fraiche quand il fait 30 degrés à l'ombre, de se faire battre le dos par quelques petites chutes (les grosses sont délimitées par des flotteurs, elles vous assommeraient et auraient vite fait de vous noyer). C'est le lieu idéal où passer une heure dans un paysage paradisiaque et où faire des photos à faire pleurer d'envie vos amis. Je recommande d'y aller en fin de journée, quand la masse des touristes prend le chemin du retour, vous aurez les chutes presqu'exclusivement pour vous! 

Voici donc cinq coups de coeur sélectionnés parmi les centaines d'endroits et lieux que j'adore en Croatie. Mon prochain voyage là-bas n'est pas planifié encore mais il aura bel et bien lieu. Je compte cette fois-ci découvrir la côte jusqu'à l'Istrie en passant par Primosten que je n'ai vue que depuis la fenêtre de la voiture au soleil couchant et qui m'a laissé un souvenir prenant, peut-être prendre un férry et faire un jour à Venise,  et je ne connais pas non plus l'intérieur des terres et Zagreb. J'ai aussi pour autre projet de passer une semaine en Bosnie et de pousser jusqu'au Monténégro pour y voir les bouches du Kotor. 

Mais ceci sera un autre post pour vous faire rêver ...

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