Le métro évoque pour vous : la foule et la cohue, les odeurs et pas les meilleures, l'envie de tuer son prochain, baisser le regard dès qu'il croise celui des autres passagers, les illuminés qui crient ou émettent des sons étranges voire effrayants, les sans domicile fixe qui se succèdent de station en station, les musiciens qui font une musique assourdissante et approximative et plus rarement sympathique?
Pour moi, le métro c'est une source intarissable de petits riens. C'est dans le métro que m'est venue l'idée de ce blog, car j'y vois tant de choses qui m’entraînent dans des rêveries sans fin et que j'entends tant de gens discriminer. Ce ne sont que des tout petits riens...et j'ai eu envie de vous montrer que pour moi la vie est faite de tout petits riens, chaque article va essayer de se concentrer sur ces petits riens que je décèle dans certaines choses et que j'ai envie de partager avec d'autres, mon petit univers parfois fou, parfois mélancolique, parfois joyeux...bref mon univers en quelque sorte, pour que des tout petits riens deviennent des "quelque chose" peut être?
Mon premier article sera donc "tout petits riens...dans le métro parisien", et j'en ai tellement plein la tête que je vais le faire en plusieurs épisodes!
Le métro c'est ma vitrine de librairie où j'observe les lecteurs debouts, assis, appuyés, écrasés...ils lisent leur journal gratuit, leur journal fétiche, leur iphone pour les plus branchés, leur livre neuf, offert, vieux, déchirés, caché précieusement dans un couvre-livre. Ces lecteurs sont des populations que je distingue des autres, j'ai observé que certaines personnes "non lectrices" leur cèdent la place, comme si elles respectaient l'être qui s'informe et s'instruit. Etrange et rare pratique pour un parisien (réputé individualiste et agressif), qui m'a aussitôt séduite et mise de bonne humeur pour une soirée!
Il y a les adeptes des journaux gratuits qui les passent aux autres, leurs tendent en sortant (un élan fraternel entre inconnus?), les abandonnent sur leurs sièges (des timides?), roulés en boule dans les interstices (des cachottiers?), qui font la queue devant le caddie de celui qui ne les distribue plus vu la meute qui se jette dessus et qui lui épargne cet effort! Un trajet : un petit plein d'informations partagées ou lues par-dessus une épaule. Mine de rien les parisiens ont développé une sorte de communication silencieuse qui m'épate. Quand je lis un journal gratuit et que je vois quelqu'un d'autre avec le même je regarde à quelle page il est et je me demande ce qu'il a pensé de cet article, j'observe ses réactions "là aussi il a sourit!" aha...une communication silencieuse s'est établie entre lui et moi à son insu!
Il y a les lecteurs fervents (je me classifie dans cette catégorie) qui dévorent leur livre. Envisager un trajet de métro sans lire est pour moi une déception immense, je ne lis plus que dans le métro ou presque, depuis que je vis à Paris je dévore un à deux romans par semaine, c'est devenu addictif, ce moment de rêve, de bonheur, de fuite m'emporte hors du trajet pour aller au travail et devient mon moment favori et indispensable pour commencer ma journée. Je le vis seule avec l'auteur et les personnages fictifs de mon roman mais en même temps je me sens communier avec ceux qui m'entourent, quand les larmes montent aux yeux ou que le rire perce sur mes lèvres, quand je suis indignée, je relève la tête avec une envie de le partager "nan mais vous avez vu ça!"...j'observe mes voisins comme un phoque sortant la tête de l'eau, j'émerge et m'aperçois que chacun est dans sa bulle, dans notre bulle commune qu'est la rame de métro...et ça me fait sourire, je me suis encore laissée emporter!
Je suis curieuse et m'abreuve des idées des autres : j'observe et note les titres des romans qui m'entourent et cachent les visages des lecteurs, je recherche ensuite sur le net le titre qui m'a plu. Il m'est arrivé qu'on m'interpelle en me disant "je l'ai lu celui-là, j'ai adoré!" et pof la personne descend de la rame...fugace image, un petit sourire, un petit moment de partage entre parisiens!
A suivre...
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